Immobilier : bond de 30 % des investisseurs étrangers à Montréal
Selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), 425 investisseurs étrangers ont fait l’acquisition d’une propriété dans le Grand Montréal pendant les six premiers mois de 2017, soit une hausse de près de 30 % par rapport à la même période l’an dernier. Cette augmentation s’explique entre autres par l’enthousiasme des Chinois pour la métropole.
La hausse du nombre d’acheteurs étrangers n’est pas aussi marquée que celle survenue de 2015 à 2016, qui avait été de 60 %. Mais les nouvelles données de la SCHL confirment qu’elle se poursuit.
Les 425 acheteurs étrangers ne comptent cependant que pour 1,3 % de toutes les transactions immobilières conclues de janvier à juin 2017. Pour la même période l’an dernier, il y en avait eu 330, soit 1 % des ventes totales, précise l’agence fédérale.
À titre de comparaison, il y a environ 5 % d’acheteurs étrangers dans le Grand Toronto et un peu moins à Vancouver, soit entre 3 % et 4 %. Mais les acheteurs étrangers doivent maintenant payer une taxe de 15 % lorsqu’ils achètent une propriété dans ces villes.
La SCHL estime que ces taxes poussent « très légèrement » les Chinois vers le marché montréalais. Leur nombre a en effet doublé en un an.
Le profil des investisseurs est aussi un peu en changement. Il y a de plus en plus d’investisseurs en provenance de Chine, alors qu’à l’époque, c’était la France et les États-Unis qui dominaient.
Un impact sur les prix?
Selon Paul Cardinal, analyste à la Fédération des chambres immobilières du Québec, le nombre d’acheteurs étrangers demeure trop bas pour que cela ait un impact significatif sur les prix de l’immobilier.
Il précise cependant que la communauté chinoise a tendance à se regrouper dans certains quartiers, ce qui peut faire augmenter les prix localement.
Il donne l’exemple des villes de Westmount et de Mont-Royal, qui sont en ce moment prisées par les investisseurs chinois.
Il rappelle que les facteurs qui font augmenter le prix de l’immobilier sont la démographie, le revenu disponible et les taux d’intérêt. L’offre a aussi un impact important et elle est, selon lui, abondante à Montréal, entre autres à cause des nombreux terrains encore vacants.
Joint à Shanghai, en Chine, le courtier immobilier Colin Bogar observe un intérêt de plus en plus marqué de ses clients pour le marché montréalais. Sur sa plateforme en ligne Property Passbook, Montréal est maintenant en 10e position des villes les plus recherchées.
Colin Bogar précise qu’il a constaté un intérêt accru pour Montréal avant même que les villes de Vancouver et de Toronto n’imposent une taxe de 15 % aux acheteurs étrangers afin de freiner la spéculation immobilière.
Selon lui, ce sont les attraits de Montréal qui attirent les Chinois. Il donne en exemple les universités qui ont bonne réputation, l’embellie économique dans la ville, l’attrait des deux langues officielles et le réseau de transport en commun meilleur qu’à Toronto et à Vancouver.
Prendre sa place
Cette analyse est partagée par le professeur de stratégie à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, Unsal Ozdilek, pour qui Montréal doit prendre la place qui lui revient sur les marchés internationaux de capitaux.
Selon lui, Montréal accuse un retard considérable par rapport à d’autres grandes villes du monde. La ville a pourtant des attraits qui ont une grande valeur comme la qualité de l’air et de l’eau, les paysages ainsi que la sécurité.
Unsal Ozdilek reconnaît qu’une éventuelle hausse des prix pourrait avoir un impact sur les premiers acheteurs, mais ceux qui sont déjà propriétaires en bénéficieraient.