VANCOUVER MISE SUR LA CONCEPTION PASSIVE AVEC DES OUTILS PRATIQUES
Avec l’ambition de devenir la plus verte au monde, la Ville de Vancouver a mis en place des outils pour favoriser le passif dans les petits bâtiments résidentiels.
Vancouver veut devenir la ville la plus verte au monde. Rien de moins. Et elle met tout en place pour y parvenir d’ici 2030. C’est dans cette optique qu’elle a déployé un vaste plan d’action, qui présente un éventail de mesures pour favoriser l’habitation durable. Parmi ceux-ci, trois outils dédiés aux constructions passives ont attiré notre attention. Inspirant et pratique!
Un argument financier: l’étude de coûts Passive House
L’argent est le nerf de la guerre, la Ville de Vancouver le sait. Dans le but de guider la transformation du marché vers les constructions passives, elle a édité une étude complète qui chiffre précisément les surcoûts entre une habitation qui rencontre la performance minimum du règlement de construction de la Ville et le standard d’une maison passive ultra-basse énergie.
Le résultat est bien sûr relatif au climat humide mais doux de la ville. Mais il est éloquent: 2% à 7% de surcoûts, c’est peu, surtout compte tenu de la réduction de 20% à 25% de la facture d’énergie.
Extrait de l’étude de coûts Passive House (Passive House Costing Study), City of Vancouver, RDH Building Engineering, and Red Door Energy Design.
Légende. VBBL: construction selon le règlement de construction de Vancouver / tCO2e/yr: tonnes d’équivalent C02 par an (t eq CO2/an) / sf: pied carré
Une fois les promoteurs et propriétaires convaincus, la Ville propose aux architectes et concepteurs une trousse à outils pour les accompagner dans les grandes lignes de la conception passive. Elle présente les principes passifs, qui s’adressent à tous, même si la trousse a été conçue pour le climat de la Côte Ouest.
- Le niveau d’apport solaire, pour de l’efficacité et du confort optimaux
- L’orientation du bâtiment, pour réduire les besoins en systèmes de chauffage et de climatisation
- Les toits verts, pour modérer les températures à l’intérieur du bâtiment et les îlots de chaleur
- La disposition intérieure des pièces et l’utilisation des masses thermiques, pour faciliter les stratégies passives
- L’isolation, appropriée au climat (isolation, étanchéité, insonorisation, matériaux, valeurs R, pose, pare-air, pare-vapeur, ponts thermiques, etc.)
- Les fenêtres, pour bien doser le ratio isolation/apport solaire/éclairage naturel
- La ventilation, naturelle et mécanique
- La densité, pour une réduction de la consommation
Le guide présente finalement des études de cas. Vous pouvez le consulter, en anglais et gratuitement, ici
Pour les projets passifs québécois, Écohabitation offre un service de simulation énergétique basé sur le logiciel PHPP aux architectes, concepteurs, constructeurs et futurs propriétaires de maisons passives. Notre évaluation énergétique permet de :
- spécifier le niveau d’isolation requis dans les murs extérieurs, le toit, sous la dalle du plancher ou dans le sous-sol;
- spécifier les exigences des fenêtres, du système de ventilation et de l’étanchéité de l’enveloppe;
- calculer la charge de chauffage et de climatisation;
- calculer la demande en énergie;
- calculer les fluctuations de températures en été.
Des modifications règlementaires pour supprimer les obstacles au passif
Pour faciliter la construction de maisons passives, la Ville a par ailleurs apporté des modifications à son règlement de zonage et développement dans le district visé par les futures constructions. Ainsi, les exigences qui représentaient un frein à la construction passive ont été amendées ou modifiées. Sont concernées les hauteurs conditionnelles des bâtiments et les profondeurs des cours arrières, par exemple. Un document directif Passive House pour le Ditrict RS-1, informant des dérogations aux règlements et précisant les exigences pour prétendre à ces assouplissements a été édité pour les concepteurs (Passive House Guidelines for RS-1, accessible gratuitement, en anglais).
Extrait du Passive House Guidelines for RS-1 – © City of Vancouver
Aujourd’hui, ses mesures pour favoriser le développement des constructions passives est considéré comme une réussite par la Ville. La première maison passive, achevée au début de l’année 2016, a des factures de chauffage inférieures à 20$ par mois, pour une famille de 4 personnes, au milieu de l’hiver. Quelques projets sont inscrits à la certification internationale Passive House. En chiffre, voici les résultats estimés par la Ville, évaluant l’effet environnental des mesures favorisant le bâtiment durable.
Résultats des mesures mises en place par la Ville de Vancouver en matière de bâtiments durables. © City of Vancouver
Sans se contenter des maisons passives, la Ville de Vancouver entend répondre aux enjeux environnementaux concernant le bâtiment avec de nombreux autres outils. Citons dans la liste impressionnante : la mise à jour des options pour l’exigence de rénovation énergétique du règlement de construction, un programme spécifique aux condos écologiques, un programme de responsabilisation pour l’efficacité énergétique des habitations, un programme résidentiel pour les technologies énergétiques, le développement d’une stratégie nouveaux bâtiments zéro émission. Une inspiration pour les villes et municipalités québécoises?
Sources
Ville de Vancouver:
- Plan d’Action de la ville la plus verte
- Objectifs et cibles en matière de bâtiment durable
- Directives pour les maisons passives
Ref : Lydia Paradis Bolduc et Paola Duchaine – EcoHabitation